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Notre Trophée des Montagnes

Article paru dans le chien Sportif

Tout d’abord, de mon point de vue, il n’y a pas un TDM, mais il y en a autant que tous les participants, accompagnateurs, bénévoles… Chacun a sa propre vision, a vécu sa propre expérience, ses moments de bonheurs, de tristesses…

Pour ma part j’ai pris la décision, comme beaucoup, de tenter cette expérience l’année dernière en étant au taquet pour les inscriptions en février, afin d'obtenir le précieux sésame qui me permettrait d’en baver moins que mon chien sur ce Trophée, mais ça je ne le savais pas encore... J’avais prévu d’y aller en famille, les circonstances ont fait que cela n’a pas été possible… Mais Ninnin m'a accompagné pour ce voyage ; le doudou de ma fille fera entièrement la dernière étape accroché à mon baudrier au risque qu’il serve de leurre au chien des autres participants !

Rectification, je l’ai fait en partie en famille… Moon, ma femelle Vizsla, faisant entièrement partie de la famille, sera du haut de ses 19 mois mon repère, ma confidente, ma partenaire de souffrance… durant ce TDM. Le canicross est devenu sa passion si je puis dire, mais comme pour moi, ce n’est pas sa vie…

J’ai repris la course à pied et commencé le canicross grâce à ma beagle Eden, retraitée de 10 ans désormais, retraitée seulement de ce sport, mais pas du canapé !

J’ai découvert lors de ce Trophée Des Montagnes des sensations que je n’avais jamais connues. J’ai l’habitude de faire des canicross, mais le TDM n’a rien à voir avec ce qu’il y a dans ma région. Au-delà du dénivelé positif, des parcours… Le TDM, c’est une ambiance, un rythme à prendre. Une organisation réactive et millimétrée. Certains trouveront peut-être à redire, mais rien n’est perfectible.

Je décide de nous préparer pour cette course 4 semaines avant, dont une en off : j’ai conscience que cela ne sera pas suffisant… Et effectivement, nous avons subi la première moitié du TDM. La fatigue cumulée de l’année, le temps de prendre le rythme… que Moon, chienne sensible, prenne confiance afin qu’elle puisse réellement s’amuser. J’ai clairement douté durant les 5 premières étapes. Samedi-Oz en Oisans, c'est la première course. Son Mass start, ses côtes, ses descentes… nous mettent un coup derrière la tête. Moon ne s’amuse pas, elle tracte sans plaisir, se relâche...

Je n’arrive pas à la soulager comme je le voudrais, je suis crispé et elle le ressent. Des courbatures apparaissent dès le lendemain, mais c’est l’alpette qui nous attend et son dénivelé positif de 750m pour 5km! Lundi-Oz en oisans : le tour des lacs où je fais ma première chute, un manque de lucidité certain, il y en aura d’autres. Sans gravité par chance, pas comme pour des dizaines de participants qui ne boucleront malheureusement pas cette édition, mais qui ont largement autant de mérite.

Mardi, Villars reculas. De supers souvenirs pour beaucoup : le parcours est magnifique. Mais personnellement, le physique et la tête ne sont pas là. Les descentes abruptes en sous-bois où Moon tracte fort me font mal, les cuisses se chargent… une zone free dog apparaît. Je décide pour la première fois en course de la lâcher, j’ai confiance dans son rappel. Elle adore et cela me permet de reprendre un peu de jus ! Les copains de course nous rejoignent; François, Pablo… on rigole, on blague, en français, en espagnol, en anglais… c’est ça aussi le TDM ! Pas de club, des pays, des cultures différentes embarquées dans la même galère : ça fait du bien. On finit cette étape tant bien que mal, Moon ressent que je ne suis pas au top, elle me regarde beaucoup. Physiquement elle récupère vraiment bien, la cryothérapie des torrents de montagne fonctionnant à merveille.

Mercredi Allemont, moins de dénivelé, du free dog… je tente de bien récupérer, de commencer à changer 2-3 choses, de m’arracher plus pour elle, de feindre ma douleur. Nos chiens ressentant tout, c’est parfois compliqué de faire semblant, vu ma tête sur les photos, c’était loupé d’avance. Cette étape se passe mieux, les réflexes de la saison réapparaissent. Je termine avec Ronan main dans la main. Ronan qui m’avait donné une leçon positive de descente à Villars reculas. On apprend beaucoup sur le TDM.

Jeudi, Villars d’Arène, premier jour où je n’ai aucune courbature… la récup’ pizza bière serait-elle efficace ?

C’est une toute nouvelle étape sur le TDM : le brouillard, le froid et un berger pas très coopératif avec ces patous retarderont le départ. L’organisation s’adapte et nous fait partir en contre la montre solo. Je sens ma rouquine dedans, je pousse et m’arrache pour l’aider… je chute une nouvelle fois. Ce sera la dernière. Je vois que nous recommençons à nous comprendre... Les 24 h off nous feront du bien.

Vendredi soir nous attaquons la première étape de la dernière station, Auris, qui en comptera 4, c’est une nocturne. Une première en course pour Moon et évidement, j’oublie ma frontale… Laurent m’en prêtera une. C’est ça aussi ce Trophée : encore plus de solidarité. Moon ne comprend pas trop cette course, pourquoi doit on suivre des lanternes qui courent ? Mais elle s’en sortira très bien, d’autant plus que mes sensations reviennent… Diesel vous avez dit ? Ceux qui me connaissent ne seront pas surpris.

Les 3 dernières étapes ne seront que du pur bonheur, malgré la fatigue, les côtes et descentes à 15-20%... Je retrouve clairement mes jambes, je sens que Moon le sait : elle est concentrée et prend du plaisir. Je vous ai dit en début de récit qu’elle est sensible… cela va dans les deux sens. Quand ça ne va pas, mais également quand ça va bien ! Elle me sort 3 étapes de folie, la fatigue ne semble pas l’affecter sur cette fin de course ! Un super souvenir encore avec Vincent sur l’avant dernière étape, il sait pourquoi…

La dernière étape sera un concentré de bonheur… beaucoup d’émotions durant le parcours. On pense aux 9 jours de compétitions, mais aussi aux nombreux moment off avec les « canipotos ».

Je prends le départ avec Ninnin, le doudou de ma fille. C’est symbolique, mais sans ma femme, ma famille… sans cette force qui nous permet de tirer les dernières ressources, je n’aurais pas pu accomplir cela. Chacun trouve son leitmotiv, ses raisons de courir… Une chose est sûre, le partage avec son chien n’a pas de prix. Moon sera une nouvelle fois au top durant ces 8km qui finiront de nous « achever » physiquement et émotionnellement. Je fais une grande partie de la course avec Thomas, que je croise beaucoup sur notre région. On s’encourage, on se pousse… et on termine ensemble. Encore un chouette souvenir !

A l’arrivée, je me pose avec Moon, j’observe, je vois tout le monde à fleur de peau… les yeux brouillés par les larmes… Je les sens monter aussi. Le trophée des Montagnes, seule course où tout le monde pleure. Bref, le TDM nous fait comprendre beaucoup de choses… Et chacun en tire ces propres conclusions. Personnellement, nous en ressortons grandis avec Moon. Notre complicité s’est encore plus renforcée, nous avons appris à nous lire davantage. Et comme j’aime à dire, ma chienne est parfaitement imparfaite... un peu comme moi ! Courir avec un être vivant implique des prises de conscience nécessaires lorsque l’on commence un sport comme le canicross, et le TDM m’a conforté dans ma façon de vivre ce sport.

Un petit mot pour finir, merci à tous les bénévoles pour leur sourire, leur aide. On avait l’impression que la fatigue n’avait pas d’emprise sur eux. Chapeaux Messieurs Dames ! Hommage et bravo également aux participants, aussi bien à ceux qui ont mis un peu plus de 4heures au total, qu'à ceux et celles qui ont mis plus de 11h00… Des artistes du canicross. Une dernière chose, spécial dédicace à ma colloc de camping qui m’a supporté durant 9 jours ;) .

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